samedi 13 avril 2013


Louise Mauger      DÉMARCHE ARTISTIQUE


Mon travail en reliure d’art se caractérise par une volonté de positionner cette pratique en dehors du créneau décoratif traditionnnel dans lequel on l’a trop longtemps confinée, afin de la mener, par une recherche créative, à s’émanciper du poids des conventions. Pour ce faire, tout en conservant la forme usuelle du livre, j’expérimente pour créer des reliures actualisées qui, selon le cas, sont plus ou moins en lien avec le contenu du livre. Ma pratique se distingue toutefois du concept de livre d’artistes où l’on met fréquemment en valeur une déconstruction de l’objet-livre dans sa forme familière.

Depuis 2001, —hormis une vingtaine de participations à des expositions collectives au Canada et en Europe—, je développe en reliure d’art une approche unique, une approche qui se veut d’abord et avant tout thématique. Des bourses du CALQ (en 2001 et 2004) m’ont permis d’explorer deux thèmes principaux : Plaisir et Péché, qui traitait de sexualité humaine et Reliure et Peau humaine qui jouait sur les analogies entre la peau humaine et les matériaux de reliure. Dans ce cadre, j’ai pu explorer divers aspects de l’enveloppe extérieure du corps humain, de même que les multiples transformations que celle-ci peut subir au cours d’une vie, que ce soit par des actions volontaires ou accidentelles.


Sève, chante-fable 
(Jacques Plasse Le Caisne)
Édition publiée aux dépens de l’auteur, Paris 1946. Exemplaire 46 / 500 sur vélinde Sparte, avec typographie en deux couleurs de Jacques Tronquet et 14 bois gravés originaux de Patrick de Manceau. Comprend une dédicace autographe de l’auteur, à Montréal, le 10 mai 1948. Jacques Plasse Le Caisne a été professeur à l’École du Meuble de Montréal dans les années 1940-50.

Cuir de vache estampé, avec reliefs peints à l’acrylique. Le décor évoque la scarification et la blessure, mais aussi le sang, la sève du corps qui s’écoule sous la peau.

Bibliothèque nationale du Québec,
collection des livres d’artistes et des ouvrages de bibliophilie

En 2004 - 2005, j’ai présenté quatre expositions individuelles dans les villes de Lévis, Montréal, Gaspé, Gatineau et elles ont été très bien reçues par le public et la critique. Un catalogue-monographie a été édité[1] et un article important a été publié en 2007 dans la revue française Art & Métiers du Livre [2].

Installée en Estrie depuis le printemps 2009, l’occasion m’a été donnée de présenter, entre novembre 2010 et avril 2011, une exposition individuelle au Musée Colby-Curtis de Stanstead. J’ai par la suite été commissaire pour Livre objet de création, une exposition sur la reliure d’art et le livre d’artiste québécois, à l’affiche du Musée des beaux-arts de Sherbrooke à l’hiver 2011. Événement rarissime, plus de 80 reliures et livres d’artistes québécois provenant de la collection du Musée des beaux-arts de Sherbrooke, de la collection patrimoniale de Bibliothèque et Archives nationale du Québec, ainsi que de collections privées, y étaient réunis.




Zoloé et ses deux acolytes
(Marquis de Sade)
Deux éditions différentes. Les deux reliures sont en peaux de poissons : anguilles de Corée rouges avec mosaïques incrustées de plusieurs autres peaux de poissons (perche du Nil, julienne, etc.) et mosaïques appliquées.

La reliure en arrière-plan fait maintenant partie d'une collection privée

Par ailleurs, l’enseignement et le coaching d’artistes en reliure et livres d’artistes semble prendre de plus en plus de place dans ma pratique. Cela m’amène à occuper une nouvelle position, celle d’artiste d’expérience qui peut être utile aux artistes de la relève, ou à ceux qui souhaitent être initiés à une nouvelle pratique, rare et exigeante : la création et la réalisation de livres d’artiste et de reliures de création.



[1] Peaux Neuves, reliures d’art de Louise Mauger, par Pierre Rastoul, Catalogue d’exposition, Les Éditions Gulliver, Montmagny, 84 p.
[2] Louise Mauger ou l'art de vivre la reliure, par Pierre Rastoul, Art & Métiers du Livre, Éditions Faton, Paris - no 263,  décembre 2007-janvier 2008, pp. 52-63.

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